Droit de vote et handicapés mentaux : à propos de l’arrêt Alajos Kiss de la Cour européenne des droits de l’homme

Contenu principal de l'article

Zacharie MAPHANA MAPHANA

Résumé

Résumé


Les droits de l’homme des personnes vivant avec handicap ont connu un tournant décisif depuis l’adoption, en 2006, au sein des Nations Unies, de la convention relative aux droits des personnes handicapées. Instrument de nature contraignante dans un domaine auparavant inondé par le soft law, la convention onusienne consacre une approche sociale du handicap qui tend à s’imposer dans l’ordre juridique international et qui s’oppose à l’approche médicale qui a longtemps été en vogue dans les politiques des Etats sur le handicap. Dans sa pratique consistant à nourrir l’interprétation de la Convention européenne des droits de l’homme de sources extérieures, la Cour européenne des droits de l’homme mobilise dans l’arrêt sous examen, la Convention des Nations Unies susmentionnée dans ses dispositions relatives à la participation pleine et entière sur la base de l’égalité avec les autres, des personnes handicapées à la vie politique et publique ; ceci pour  procéder  à la dynamisation  de l’article 3 du protocole n°1 de la Convention européenne en  faveur des handicapés mentaux. Cependant, il est constaté que malgré cette mobilisation, la Cour de Strasbourg n’a pas pu indexer le niveau de protection des droits qu’elle protège sur celui offert par l’instrument onusien. A travers cette étude, nous réalisons combien il existe des disparités dans le domaine du handicap  entre le Comité des droits des personnes handicapées auquel certains reprochent une tendance trop militantiste  et  la Cour de Strasbourg dont on justifie les positions s’écartant souvent  de la ligne du comité, par le fait   de sa logique tendant à la protection  des droits non pas théoriques ou illusoires mais concrets et effectifs.


Abstract


The human rights of people living with disability have known a decisive turning point since the adoption of the United Nations convention on the rights of persons with disabilities in 2006. Binding instrument, in a field previously flooded by soft law, the UN convention devotes a social approach to disability that tends to prevail in the international legal order and opposes the medical approach that has long been in vogue in the States’ policies on disability. In its practice of nourishing the interpretation of the European Convention on human rights from external sources, the European Court of human rights mobilizes in the judgment under review the above-mentioned United Nations Convention, more specifically, the provisions on full participation on the basis of equality with others, persons with disabilities in political and public life; this, to revitalize article 3 of protocol n°1 of the European Convention for the mentally handicapped. However, it is noted that in spite of this mobilization, the Strasbourg Court was unable to index the level of protection of the rights it protects against the one offered by the UN instrument. Throughout this study, we can notice how there are disparities in the field of disability between the Committee of the rights of disabled people, of which some criticize activist tendency, and the Strasbourg Court whose positions departing from the committee line are justified by the fact of its logic tending to the protection of rights not theoretical or illusory but concrete and effective.

Details de l'article

Rubrique
Articles