Gestion de la dysfonction érectile avec les boissons à vertu aphrodisiaque de fabrication locale : résultats rapportés par la population masculine de la ville de Goma (République Démocratique du Congo)
Contenu principal de l'article
Résumé
Introduction. La dysfonction érectile (DE) relève de plusieurs facteurs étiologiques dont l’âge, certaines maladies graves comme le cancer, le diabète, l’hypertension etc. cette diversité d’étiologie rend difficile sa prise en charge et pousse certains patients à se tourner vers des thérapies alternatives telles que les boissons aphrodisiaques. Ainsi nous nous proposons d’étudier les résultats rapportés par la population de la ville de Goma et leurs perceptions concernant le rôle des boissons à vertu aphrodisiaque dans la dysfonction érectile.
Matériel et Méthodes. Il s'agit d'une étude transversale à visée descriptive réalisée dans la population générale en juin 2023. Etaient inclus dans l’étude, tout sujet masculin âgé de 18 à 70 et ayant déclaré avoir souffert de dysfonction érectile au cours des 6 derniers mois et avoir consommé les boissons à vertu aphrodisiaque dans un but thérapeutique. Les données ont été saisies et analysées à l’aide des logiciels SPSS 20 et Epi info 3.5.3.
Résultats. Sur un total de 489 hommes qui avaient déclaré avoir souffert de dysfonction érectile, 302 avaient fait recours aux boissons à vertu aphrodisiaque pour tenter de gérer leur symptôme soit une prévalence de 61,8%. L’âge moyen des participants était de 32,2 ans avec des extrêmes allant de 18 à 70 ans. Pour expliquer l’origine de la dysfonction érectile, la majorité des participants avaient cité le stress (46,2%), et le vieillissement (31,6%). La plupart des participants souffraient parallèlement de diabète (25,7%), de l’HTA (23,1%) et de l’obésité (11,2%). Les boissons les plus consommées pour améliorer la dysfonction érectile étaient le Vin strong ((23,5%), nguvu tangawusi (22,8%), asili power (19,9%) et vin libala (15,7%). Ces boissons étaient consommées seules (42,7%) ou associées à d’autres produits (57,3%). Les produits les plus associés à ces boissons étaient Ngongolio (20,2%) et citrate de sildenafil (19,7%). La raison ayant motivé le recours aux boissons aphrodisiaques était pour la plupart des cas le faite la DE est un sujet difficile à aborder soit 55,2%. Seulement 46,7% des sujets avaient admis avoir ressenti les effets secondaires de ces boissons et les effets les plus mentionnés étaient les céphalées (24,8%), la palpitation (24,1%) et l’insomnie (19,1%). Plus de la moitié des participants n’avaient pas consulté un médecin soit 64,7%. Les sources d’informations sur les effets thérapeutiques des boissons aphrodisiaques étaient les médias modernes soit 30,2% (internet, radio, télé…), les vendeurs ambulants (27,9%) et les amis (18,5%). Une réponse positive ou une amélioration absolue de DE a était signalé par 10,2% des participants ayant consommé les boissons locales seules et par 37,1% ayant associé ces boissons avec d’autres produits.
Conclusion. Nous avons constaté à travers cette étude que la majorité des hommes souffrant de DE préfèrent s’automédiquer avec des boissons à vertu aphrodisiaques au lieu de consulter un professionnel de santé. Une étude qui permettra d’élucider les composants actifs des différentes boissons consommées par la population de Goma est donc nécessaire à l’avenir.